Deux mois et demi d’émotions

Une fois n’est pas coutume, je ne vais vous parler dans ce billet que de moi. d’abord parce que, comme pour tout le monde, c’est mon sujet favori. Enfin vous, pas moi, mais bon… Ensuite parce qu’en deux mois et demi il s’est passé pas mal de choses dans ma vie, ce qui explique cette longue absence sur ce blog sans l’excuser pour autant…

Pendant ces deux mois et demi donc, j’ai donc commencé par partir 10 jours pour Ibiza dans une villa absolument sublime avec vue sur mer, piscine à débordement, mobilier design, etc… pour fêter les 40 ans de ma copine. Enfin ma copine de l’époque puisqu’immédiatement après nous avons entériné ce que nous avions décidé auparavant, à savoir une séparation après 6 ans ensemble dont 4 ans de vie commune… Une décision difficile qui a rendu ce séjour très particulier, entre joie de la fête, nostalgie du passé à venir et bons moments d’autant meilleurs que chacun sait qu’ils seront les derniers et que les décisions sont prises… Un retour (dans tous les sens du terme) ardu à Paris et à une nouvelle réalité, loin de l’appartement commun et des souvenirs qui s’y étaient amassés.

Un retour à Paris chez des (bons) amis qui m’ont hébergé pendant 3 semaines le temps de trouver un nouvel appartement, puisque comme je me plais à le dire, je cherchais à l’époque « un job, un appart et une gonzesse… Une vie quoi… ». 3 semaines agréables qui ont fait de ce transit une parenthèse enchantée, rythmée quotidiennement par 3 matches de Coupe du Monde et autant d’émotions footballistiques. Oui j’ai vibré pour mes équipes favorites (France, Argentine, Italie, enfin l’Italie pas trop…) ou contre mes équipes honnies (Brésil, Espagne, Angleterre…) au fil d’une routine quotidienne démarrant à 18h et finissant à 2h du matin, ne ratant que de rares matches au gré d’un week end campagnard. Jusqu’à ce que je trouve donc un nouvel appart, par le truchement d’un (bon) ami agent immobilier qui n’a pas eu besoin de dossier pour me l’octroyer, loué (c’est le cas de le dire) soit-il!

C’est ainsi que j’ai fait mon retour dans le XVI ème, à mon corps défendant. Dans un studio certes très agréable, mais qui reste un studio et me renvoie à la fois à mon passé de jeune homme et à l’urgence et l’impérieuse nécessité de tout recommencer quasiment à zéro, en dehors de mes enfants bien sûr. Je ne cherche plus qu’un job et une gonzesse (excusez du peu), donc j’ai accompli un tiers du chemin imparti. Je suis donc preneur de toute offre émanant de mon lectorat, au moins en ce qui concerne le job…

Voilà, l’Allemagne est championne du monde, je suis champion de mon studio et la vie continue. Même si je m’en suis toujours défendu, j’ai envie d’une certaine routine et d’habitudes, à tout le moins professionnelles, j’ai envie de me lever à heures fixes et matinales, de subir du stress et d’en gérer, de vivre quoi, et d’éprouver toujours plus d’émotions plus positives si possible… A bon entendeur…

Amour sacré de la patrie…

… « Combats avec tes défenseurs ». Avant de songer à dérouler le deuxième couplet de La Marseillaise, chose dont je serais moi-même incapable, beaucoup s’interrogent sur le premier de ces couplets, et sur la capacité de certains à le connaître, et donc à le chanter. Je ne parle pas là de tout un chacun, mais de gens qui ont l’occasion de chanter en public, et de démontrer au choix leur capacité ou leur volonté de le faire, et au premier rang d’entre eux nos amis les footballeurs de l’équipe de France. Que n’a-t-on pas lu et entendu sur ce sujet, sur cette équipe , au gré de ses résultats, délicieusement black-blanc-beur ou curieusement bigarrée, alternativement totalement ou absolument pas représentative de la France, ou en tous cas de l’idée que s’en fait l’émetteur… C’est vrai que pour les tenants de la France « blanche et éternelle », cette équipe est loin d’être idéale.

Mais l’a-t-elle jamais été? Dans les années 50 (non je n’étais pas né, arrêtez!), ses héros s’appelaient certes Fontaine ou Vincent, mais aussi Kopa (diminutif de Kopazweski) et Piantoni. Français, « blancs », mais aux consonnances polonaises ou italiennes, soit les reubeus de l’époque, subissant les mêmes ségrégations et crises de racisme. Dans les années 70, la France se targuait de sa « garde noire » Trésor-Adams, avec la même affection affectée que celle que la France guerrière avait pour les tirailleurs sénégalais, toujours prompts à la défendre mais toujours envoyés par elle à se sacrifier en première ligne. Et les héros des 80s s’appelaient Ettori, Baratelli, Castaneda, Tigana, Bellone, Fernandez, Stopyra, etc…, et… Platini évidemment. Des générations d’immigration « digérée » mais que déjà Jean-Marie Le Pen stigmatisait, contrairement à Janvion et ses consors antillais si représentatifs de cette « France du bout du monde » chère à son oeil (je doute qu’il ait un coeur). Et que dire de la suite? Cantona, ça fait alsacien comme nom? Desailly il a le look berrichon? Zidane c’est normand? Henry il ressemble à un savoyard? Non bien évidemment, et l’histoire (glorieuse) du football français est constellée de joueurs aux origines diverses, mais parfaitement représentatifs de la diversité de la France et de l’intégration plus ou moins facile des différentes phases d’immigration.

Et la Marseillaise dans tout ça? Platini dit qu’il ne la chantait pas, et personne ne lui en tenait rigueur à l’époque. Tigana la massacrait en chantant faux à tue-tête, et était en cela beaucoup plus répréhensible qu’un Benzema qui ne s’y risque pas (voire?…). Le problème, c’est que cet hymne national officiel est aussi le seul chant inventé par les fans pour supporter leur équipe en France (cf cette Marseillaise improvisée à la fin de France-Ukraine), contrairement aux autres pays. Prenons l’exemple d’un autre pays chauvin et fier de son identité: l’Angleterre. Aucun supporter n’a jamais chanté God Save The Queen pour encourager son équipe, mais le public du rugby a inventé « Swing Low, Swing Chariot »: un hymne qu’aucun joueur ne peut ignorer, évacuant ainsi le problème encombrant de la connaissance ou de l’envie de chanter God Save The Queen, en dehors du passage obligé de l’hymne officiel avant le match.

Mais foin de polémique sur la collusion entre l’hymne national et le chant de supporter, le vrai problème se situe aujourd’hui sur la juxtaposition de deux choses: la fierté d’être français et celle de porter le maillot national. Autrefois les choses allaient de soi: on était joueur de l’équipe de France, fier de cela, et fier d’être français. Tout allait de pair. Karembeu a ouvert une brêche en 1998 en expliquant se sentir avant tout kanak avant d’être français, même si la Nouvelle-Calédonie fait partie intégrante de cette « France du bout du monde » (in Jean-Marie Le Pen, Morceaux Choisis). C’est bien le problème: la société française se voit blanche, catholique et forte, donc caldoche en l’occurence. Un joueur se revendiquant kanak ne peut donc pas porter ses couleurs (d’ailleurs Karembeu n’a jamais chanté la Marseillaise). Cqfd et début des emmerdes. En mars 2013, Karim Benzema (aussi français que Zinedine Zidane comme nom, non?) nous explique que « son pays c’est l’Algérie, la France c’est pour le côté sportif », à une époque où par ailleurs il n’enquille pas un but pour ladite Equipe de France, mais plante pour le club qui le paie (grassement), à savoir le Real Madrid. Quelle funeste erreur de communication… Né à Lyon, inéligible pour le maillot de l’Algérie quand bien même il le voudrait, contraint donc de porter celui de la France, voilà que Benzema ouvre son coeur et s’engouffre dans la dichotomie fierté du maillot / fierté du pays, s’attirant ainsi les foudres de la société française que l’amalgame arrangeait.

Et que dire des problèmes de religion? Ribéry, « bon blanc » d’origine, converti ensuite à l’Islam, a-t-il le droit de porter ce maillot et d’entrer sur la pelouse en priant Allah? Pogba est talentueux, mais faut-il qu’il exprime sa foi aussi sur le terrain? Etc… La société blanche, catholique et forte en prend en coup, et surtout elle se prend en pleine face une réalité qu’elle voit par ailleurs tous les jours autour d’elle. Déjà que c’est dur à vivre au quotidien, mais là, dans un cadre comme celui de l’équipe de France…

Le vrai problème n’est pas cet état de fait, mais la publicité qui en est faite par tous, media et surtout joueurs. Benzema a le droit de ne pas chanter la Marseillaise et de penser ce qu’il pense, pas de le dire. La suffisance et la bêtise sont du côté de Nasri quand il impose un doigt sur la bouche aux journalistes présents en tribunes qui l’ont critiqué, alors qu’il vient fièrement de marquer pour le maillot bleu, à défaut de celui la France. Que dire d’Evra et Knysna? Une analyse claire et un peu d’auto-critique ne nuiraient pas au moment de faire le bilan individuel de ces comportements qui n’ont contre eux que l’absence de jugeotte, de bon sens et d’humilité. Cette équipe est aimable et aime son maillot, à défaut d’aimer la France. En cela, elle est exactement à l’image du pays qu’elle est supposée défendre, mais dont elle se défend plus qu’à son tour.