Marine Le Pen va gagner

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TOPSHOT – French far-right Front National (FN) party’s President, Marine Le Pen, gestures as she delivers a speech on stage during the FN’s summer congress in Frejus, southern France, on September 18, 2016. Marine Le Pen’s slogan reading « In the name of the [French] people » is seen on the rostrum. / AFP / Franck PENNANT (Photo credit should read FRANCK PENNANT/AFP/Getty Images)

Ou… de l’art du marketing de presse à sensation et du titre racoleur… Ok, j’avoue, certes, c’est moche,  mais j’ai quand même un propos derrière ça…

Vu la date de ce post (28/04), vous pouvez penser que je parle de la présidentielle. Erreur funeste: a priori (et il sera toujours facile de revoir tout ça a posteriori et de me couvrir de ridicule), l’affaire est pliée et finira au pire du pire à 58/42, voire, allez, 55/45. Arithmétiquement c’est impossible, et les cris d’orfraie que j’entends ici et là sur l’abstention différenciée ne me feront pas changer d’avis; certes il y aura beaucoup d’abstentionnistes parmi les mélenchonistes, beaucoup moins à mon avis chez les fillonistes, mais peut-on envisager, ne serait-ce qu’une seconde, que, parmi les « vrais votants », une majorité de ces électeurs de premier tour choisissent MLP vs Macron? 15% des Insoumis, 30% des LR via Sens Commun, etc…, mais vs 50% pour Macron. Le statu quo de départ ne suffirait pas à MLP, il lui faudrait renverser la table et l’opinion d’une majorité (absolue) de ces électeurs pour avoir une chance. Ne jamais dire jamais, rester vigilant, etc…, mais bon… (see mon post précédent).

En revanche, et c’est là que le bât blesse, la présidentielle est suivie de législatives, et, en dehors de missions régaliennes particulières dévolues au Président, c’est là véritablement que s’exerce le pouvoir, et c’est de là que sera issu le Premier Ministre. Attardons-nous un instant sur ces législatives. 577 circonscriptions (les circos en langage politique) et, a priori, 577 candidats En Marche, et ce d’autant plus si Manu est Président. Mais aussi 577 candidats FN (ou Bleu Marine comme ils disent, c’est plus propre). Ca c’est sûr. Et pour le reste? Des LR oui, mais sans chef, sans énergie, sans élan. Des PS sûrement, mais comme les LR en 3 fois pire (3 = 19,5% / 6,3%). Des insoumis? Lesquels? Des Communistes, des FDG, des je ne sais quoi?  Dégoûtés de la politique, abstentionnistes du 2ème tour, lâchés par leur « leader minimo » au silence assourdissant, ils iront à la bataille en ordre dispersé et clairsemé.

Donc à venir: des combats EM /FN locaux (bis repetita du 2ème tour) mais… avec 577 enjeux individuels, 577 implantations de terrain, et les 2 ou 3 composantes de la vie politique traditionnelle française pour arbitrer. Situation intenable pour le PS et les LR: présenter des candidats leur est indispensable pour surnager dans la tempête et… les maintenir au second tour le leur sera tout autant quand ce sera possible. Ils ne pourront pas, cette fois, faire ce qu’ils murmurent du bout des lèvres et appeler au Front Républicain, faute d’être complètement dissous…

Et donc, s’ils se maintiennent parce qu’ils ne peuvent faire autrement (ce qui n’exclut pas des désistements locaux et isolés, au risque d’être mis au ban de son propre parti, un comble…), on aura un nombre incalculable de triangulaires, voire de quadrangulaires. Cette simulation (ici) montre bien, même si c’est un copier-coller des votes du premier tour et que les choses changeront d’ici là, que c’est le FN qui est en tête dans nombre de circos et de départements, et que les triangulaires et quadrangulaires sont tout à son avantage. Qui plus est, Macron, à la recherche d’une majorité présidentielle introuvable dans l’absolu quand, comme lui, on n’ a pas d’histoire, pas de parti, pas d’implantation, etc…, continuera de se poser en dynamiteur des frontières traditionnelles et lorgnera vers les miettes de droite et gauche dans une folle étreinte qui ressemblera à un baiser de la mort.

Résultat: soit un grand parti « de la raison » avec EM, les miettes de LR et PS, bref une sorte de formalisation concrète de l’UMPS chère au FN, donc alimentant sa cuisine électorale, et de chaque côté les extrêmes que sont le FN et les Insoumis (inorganisés et démoralisés, rappelons-le, et avec en tête plus un 3ème tour social et manifestant qu’une bataille électorale ploutocrate). Soit une guerilla locale et des suites d’escarmouches entre une force d’occupation (EM) et des résistants harceleurs et harcelés (les vieux partis traditionnels). Dans les deux cas, et faute d’une organisation digne de ce nom de la gauche mélenchoniste, le FN n’aura qu’à se baisser pour renvoyer tout le monde dos à dos et tirer les marrons du feu. A commencer par une majorité, au moins relative, aux législatives de juin.

C’est un dilemme cornélien, un truc kafkaïen pour les partis historiques, pour qui aucune position politique n’est bonne. Mais, en créant En Marche et en en démontrant l’efficacité via sa future victoire le 7 mai, Macron concrétise l’UMPS et offre paradoxalement un futur boulevard au FN. Etait-ce son intention? Evidemment pas. Mais ça devient grave. Et, pour le coup Manu, « c’est pas ton destin », c’est le nôtre qui est en jeu.

Lettre ouverte aux seuls 5% des électeurs qui le méritent

Ce billet sera court. très court.

Allons-y sans ambages: contrairement à ce que je m’étais dit au départ (see https://bertrandjanny.wordpress.com/2017/02/07/le-7-mai-fais-ce-quil-te-plait/), je n’ai pas voté blanc au premier tour. J’ai voté… Macron. Absolument pas par adhésion, juste par calcul à 2 balles en me demandant quel serait le « moins pire » des 4  candidats pressentis et au coude à coude pour le 2ème tour. J’ai suffisamment dit du mal de Macron pour me défausser et me déjuger dans l’absolu, mais pour moi, un mauvais Macron est, à tout prendre, encore préférable aux 3 autres…

J’ai comme vous vécu la soirée du 23 avril, et j’ai trouvé ça choquant, indigne, léger voire leste… Je me suis dit au départ que le discours se devait d’être historique, grave, inspiré, que le temps du vrai changement allait venir… Or il est évident que Macron n’a aucune intention de changer quoi que ce soit, et son 23/04 au soir (discours de merde indigent, saluts façon reine d’Angleterre à la foule en liesse, bécot à Birgit, parade en bagnole en grillant les feux rouges, Rotonde, etc…) me laisse penser qu’il pense qu’il a déjà gagné (ce qui est sûrement vrai) et que cela seul lui importe. Si Chirac, expérimenté, habile et assez humain / humaniste in fine ne l’a pas fait en 2002 face à JMLP et au choc immense que cela a représenté, pourquoi un jeune blanc-bec de 39 ans, sans aucune expérience ni vision, le ferait face à MLP, la version (prétendûment) soft et dédiabolisée?

Donc on en prend pour (au moins) 5 ans sans illusions, sans espérance, en n’ayant que les législatives pour essayer de compenser (compenser quoi d’ailleurs?).

Oh wait, le 2ème tour n’a pas eu lieu. C’est pas (tout à fait) fini… Et là j’en viens à mon point. Les « déçus du premier tour », donc supposément 55% des votants (voire plus si on compte des gens comme moi…) se sentent volés, dépossédés, etc… Ben oui, ils ont perdu, c’est le jeu démocratique, même si manipulé… Mais là, on commence à transiger, à discuter, à ergoter, à pondre des communiqués à la con genre « pas une voix ne doit aller à MLP, l’abstention n’est pas dans nos gènes, mais je ne cite pas Macron », « il faut faire barrage au FN mais ne pas voter EM… », bla bla bla… #sansmoile7mai et autres billevisées. Mélenchonistes et fillonistes unis dans la transaction, les fausses pudeurs, les calculs de « 3ème tour » social ou législatif, etc…

Vous savez quoi les gars? On s’en fout. Faites ce que vous voulez le 7 mai (sauf voter MLP évidemment). Abstenez-vous, allez à la pêche, tricotez-vous des vestes col Mao, recyclez les pancartes des manifs du 1er mai, forniquez sans préservatif pour ne pas contrarier Dieu, allez à la messe avec Christine Boutin et lâchez-nous. On n’a pas besoin de vous, on ne négociera avec personne, on ne mettra personne en porte-à-faux avec vos voix « du bout des doigts, la pince à linge sur le nez »…

Macron: 24%, MLP: 21,5%. en supposant que les électeurs des 2 camps du premier tour votent de façon identique au 2ème (a priori c’est le cas, non?), en étant extrêmement pessimiste et en attribuant d’office les 5% de Dupont-Aignan à MLP, voire les 1% de Asselineau, ça la met à… 27,5%. J’envisage même le pire, que les 6% de Hamonistes votent à 50/50 entre les 2 candidats (hypothèse très hautement improbable, convenons-en): ça donne EM à 27% et MLP à 30,5%.

Abstenez-vous, allez vomir, et laissez-nous parler aux personnes de bonne volonté.

Il manque donc mécaniquement… 4% de voix à EM pour être élu… Non que ça me réjouisse, mais pour éviter que MLP le soit… Je vais vous dire où elles sont, ces voix: dans ne serait-ce que le quart des 20% d’électeurs Fillon qui ont voté par fidélité à un parti, une tradition, mais qui ne sont ni Sens Commun, ni Boutin, ni quoi que ce soit… dans cette partie LR démocrate-chrétienne feue UDF qui a toujours eu du mal avec les bonapartistes de l’ex-RPR… Dans des Juppéistes, des Lemaire, des NKM, etc… Et les gars, si vous ne le faites pas par conviction (ce qui serait déplorable par ailleurs), faites-le pour votre pognon (oui je sais, c’est cynique) en pensant à ce que deviendrait votre bas de laine en cas de retour au franc…

Et si franchement il n’y a pas 5% d’électeurs pour voter EM et non MLP chez eux, c’est que ce parti est à gerber, et que la France est à désespérer. Ce n’est pas complètement impossible (tout comme une victoire de MLP), mais ce n’est ni probable, ni souhaitable.

 

Macron ou le marcheur immobile

Mon dernier billet de blog datait du 7 février, il y a donc 2 mois tout juste. On était à l’époque à 3 mois du second tour, et nous voici maintenant à 1 seulement, donc à… deux semaines du premier tour. Ca, ce sont des faits, objectifs, avérés, irréfutables.

En règle générale, comme se plaisent à le dire les sondeurs, éditorialistes et journalistes de tous bords, cette période est traditionnellement dite « de cristallisation », faisant fi au passage de l’aspect éminemment fragile que porte de façon intrinsèque le cristal du même nom. Le temps où les sondages se stabilisent, où les forces en présence sont établies, et où il est d’ores et déjà temps de se projeter sur le second tour, voire les législatives, si ce n’est la recomposition politique qui s’ensuit et le fameux « coup d’après ».

Aujourd’hui, force est de constater que les choses sont on ne peut plus mouvantes, voire fuyantes, et qu’il est impossible de se projeter sur quoi que ce soit.

Examinons les forces en présence: le duo gagnant annoncé Le Pen – Macron se tasse, voire se rabougrit et n’a plus totalement le vent en poupe. Il ne subit pas de dynamiques contraires, il est juste dans une inertie coupable face à des adversaires mobiles. Mais leurs situations sont très peu comparables: Le Pen est aujourd’hui créditée de 23 à 24% des intentions de vote, mais elle a toujours été sous-évaluée dans les sondages, et surtout elle dispose d’un socle de « votants certains » d’environ 80%, ce qui mécaniquement la maintient ipso facto au minimum à 20%. Et d’une.

Mélenchon fait le show, fait le métier, devient (Ed Pac reprezent) un « papy Werther » sympa et non plus un Pol Pot de banlieue, et se la joue bonhomme avec ses « amis » des débats en ramassant le morceau à la fin. Il pratique, aux dépens de Hamon, la politique attilienne (de Attila hein, pas de J.Attali…) de la terre brûlée et n’en finit plus de le rétrécir, le pauvre gosse… Il est aujourd’hui à 17-18%, pendant que son acolyte est passé en dessous des 10%. Si la dynamique se confirme, et surtout si la majorité des élus PS pense qu’elle a plus de chances de conserver son siège de député en ralliant Macron, Hamon est mort et n’aura plus que Aubry et Sapin pour le soutenir; comme dirait De Gaulle, « vaste programme ». Un Hamon à 5% (l’étiage de G. Defferre en 1965), c’est potentiellement un Mélenchon à 20%. Et de deux.

Fillon, lui, regagne du poil de la bête. Sa descente aux enfers médiatiques et sondagiers est terminée, il a touché le fond de la piscine (dans son petit loden marine). Parce que franchement, y en a marre, et que trop d’histoires tuent les histoires. Parce que l’acharnement (pas immérité par ailleurs) aura tôt fait de se retrouver contre-productif et de se retourner contre ses auteurs. Parce que l’homme (très attaquable) s’efface progressivement devant la stature (sûrement, et malheureusement, le plus « rassurant » aujourd’hui) et le programme. J’en veux pour preuve une scène surréaliste à laquelle j’ai assisté ce week-end: là où j’habite, à Auteuil donc, terre ô combien défavorable à la droite républicaine (sic!), de nombreux jeunes gens d’environ 65 ans de moyenne m’ont tendu des prospectus en précisant bien : « le PROGRAMME de François Fillon ». Après avoir engagé la conversation, ils ajoutaient: « oui le programme, pas l’homme, on est comme vous, etc…, mais bon, c’est le seul programme qui tienne la route, faîtes-le pour la France, etc… ». Si on rajoute à cela la posture dans laquelle il se place, à juste titre, de « seul capable de réunir autour de lui une majorité claire » aux législatives, et le fait, comme il l’évoque après l’avoir sûrement lu sur mon dernier billet de blog, que son vote a été un temps plus honteux que le vote Le Pen père à une époque, force est de constater qu’il pourra difficilement faire moins de 20%. Et de trois…images mac

Reste donc mon dernier 20% que je réserverai… au novice. Là où Macron court à sa perte et s’apprête à devenir le Lecanuet de 2017, une sorte de beau gosse qui fait se pâmer la ménagère un temps avant que l’on ne passe aux choses sérieuses, c’est que maintenant on attaque le dur, le Tourmalet, l’Alpe d’Huez. Là où on voit les vrais grimpeurs. Là où l’expérience et la ruse politicienne font la différence. Mélenchon l’a. Le Pen l’a. Fillon l’a. Pas lui. De même qu’il n’a pas la possibilité de mettre en avant sa capacité à rassembler une majorité aux législatives, il ne peut suggérer ou susurrer un nom d’éventuel Premier Ministre. De même qu’il a un temps été la coqueluche des media, l’OVNI qui faisait souffler un vent nouveau, il devient aujourd’hui l’homme à abattre. D’outsider trépignant, énergique et vivifiant, il est devenu favori. Une position inconfortable, inconnue et par définition éphémère. Une position, on le sait, qui interdit tout mouvement d’envergure, a fortiori quand, comme lui, on est sur un fil et dans un grand écart permanent entre « ni gauche, ni droite, bien au contraire je suis d’accord ». Macron se rêvait Napoléon à Austerlitz, il est Bagration en haut du plateau de Pratzen: heureux de la position enviable qu’il occupe et en même temps incapable à la fois d’en bouger et d’y rester. Il piétaille, trépigne, bouge, vocifère, s’époumone. Il marche mais n’avance pas ou plus. Il est un marcheur… immobile.

Ces 4 20% sont là, devant nous. A eux 4, ils ne font que… 80%, et la décision se fera sur les 20% restants. Le cas de figure annoncé donne Macron – Le Pen. Je penche pour Fillon – Le Pen, déjà très duraille à avaler, en priant pour éviter un Mélenchon – Le Pen qui nous plongerait dans les affres d’un affrontement très « 30’s in Germany » avec, quelle qu’en soit l’issue, du grabuge à prévoir. Mais bon, cela dit, en y réfléchissant bien, c’est aussi en vue quel que soit le duel final, et donc le vainqueur. Et sans parler de législatives pas piquées des hannetons (expression vieux cul par excellence) dans la foulée. Bon, je n’ai plus qu’à valider rapidement un Parions Sport des familles en espérant toucher la cote, c’est ce qui me semble encore le plus réaliste…

Le 7 mai fais ce qu’il te plaît

fillon

 

Ca y est, on est le 7 février 2017, et la campagne pour la présidentielle est enfin lancée. Plus que 3 mois à tenir. Après des semaines, des mois de Valls hésitations, de « sortez les sortants », d’au revoir presque émus a posteriori à Sarkozy (oui enfin là non…), Juppé, Hollande, Valls, … on connaît enfin le casting final, donc on pourra se déterminer et faire un choix en toutes circonstances et connaissance de cause. C’est vraiment cool parce que là je commençais un peu à désespérer.

Je vais vous dire pour qui je ne vais pas voter, et les plus perspicaces d’entre vous en déduiront pour qui je vote avant que je ne mange mon chapeau.

Soyons raisonnables, ayons l’air de quelque chose. J’exclus d’emblée les candidatures fantaisistes, pathétiques, loufoques, tristes, etc…: je mets dans ce sac Rama Yade (sympa pour autant), Jean Lassalle (le député berger), MAM (la pauvre…), Henri Guaino (LOL), Jacques Cheminade (dans l’espace, personne ne t’entendra crier), Bastien Faudot (qui ça????), Nathalie Artaud (aussi surréaliste et barrée que son homonyme Antonin), Philippe Poutou (kikou kiss), Henry de Lesquen (si si), François Asselineau (ben là je cherche mais je n’ai rien à dire…) et Charlotte Marchandise (même si j’adore son nom…). J’élargis un peu en excluant d’emblée des candidatures certes d’avenir, mais pour lesquelles je n’ai aucun désir: Bayrou, Jadot et Dupont-Aignangnangnan (attention, grosse surprise à venir, il l’a prédit!).

Passons aux choses (supposément) sérieuses.

Je ne voterai pas Marine Le Pen: ai-je besoin d’expliquer pourquoi, même si parfois le doute s’immisce en moi sur ma vraie nature, puisque certains algorithmes stupides de Facebook m’indiquent, test scientifique à la clé, dans un cas sur trois que c’est ma candidate de coeur (à égalité avec Macron et Hamon par ailleurs…).; les mêmes algorithmes scientifiques qui en général m’affirment que je devrais être en couple avec le Président de ma société ou que ma boulangère est secrètement amoureuse de moi.

Je ne voterai pas non plus Jean-Luc Mélenchon: ai-je besoin d’expliquer pourquoi? Ah probablement que si car, si j’en juge par la théorie des bulles de filtrage, nous vivons tous dans des mondes clos et volontairement isolés des autres, entre gens qui partagent les mêmes vies, les mêmes habitats, les mêmes habitudes, les mêmes idées, et, si quelqu’un parmi nos « connaissances » (à défaut d’amis) a le malheur de ne pas être d’accord et surtout de faire tache (sans ^ à tache ici, pour railler une autre des fautes d’orthographe courantes qui me font horreur actuellement) dans le décor, il est vilipendé, voué aux gémonies, torturé, écartelé avant, ô suprême humiliation, d’être defriendé et bloqué à jamais. Tant et si bien que nous vivons tous dans notre bulle d’auto-satisfaction réflexive et que nous nous en portons bien. Or – je reviens à mon propos, s’il est communément admis qu’aucun électeur FN ne peut (plus?) faire partie de mes contacts, certains d’entre eux (mes contacts), plutôt aisés et instruits par ailleurs, se prononcent inconditionnellement pour Mélenchon, le poing levé et le « Résistance » à la bouche dès lors qu’ils sortent de leur bureau à 21h20 pour regagner leur loft bobo du IXeme et y ingurgiter la salade de boulgour aux éclats de quinoa parsemée de tofu que vient de leur livrer, au dernier sans ascenseur, Rachid, le livreur de Uber Eats qui avec le temps est devenu un ami. Pourquoi pas après tout, il est vrai, mais je vous avoue que j’ai un peu de mal devant cette incohérence assumée et ce snobisme révolutionnaire à rebours. Sûrement mon côté égoïste et connard qui m’empêche de comprendre cet altruisme forcené et noble.

Je ne voterai pas non plus Benoit Hamon. Pourtant, c’est vrai, j’ai voté Hollande aux deux tours en 2012; et alors quel rapport me diront les esprits les plus chagrins? Les plus chagrins et les plus perspicaces, car c’est justement de cela qu’il s’agit.Autant j’étais prêt à l’alternance post-sarkozyenne (à tout prix!), autant je voulais rester dans une posture social-démocrate (rad’ soc’ à l’ancienne comme j’aime à me définir) avec un ancrage dans le réel et l’exercice du pouvoir. Hamon est un garçon droit dans ses bottes, assez respectable à mes yeux, plutôt indéniablement intelligent, mais je ne pourrai pas voter pour lui, ne serait-ce que parce que je ne vois pas comment financer son revenu universel autrement qu’en y laissant ma dernière chemise. Et pourtant, comme lui,  j’adore le service public, je suis fier du système public d’éducation à la française (ou de ce qu’il devrait être), je défends mordicus la laïcité, je paie mes impôts sans rechigner, etc.. Mais bon là, comment te dire Benoit…

Ca commence à se resserrer. Reste… Emmanuel Macron. Ah Macron, l’homme providentiel, le recours ultime, celui qui dépasse les clivages gauche-droite et n’est pas, lui,  un homme du sérail, du système… Je ne me lance pas dans l’explication, d’aucuns ont commencé à le faire, et je vous prédis qu’il se dégonflera au fur et à mesure des semaines à venir. Parce qu’il n’est pas ni gauche ni droite, il est les deux. Parce qu’il n’est pas en dehors du système, il est le système (qui le lui rend bien d’ailleurs). Parce qu’il n’est pas ni voile ni vapeur, il est les deux (ah merde, que vient faire cette remarque sexuellement connotée là dedans)? Macron est à lui seul un gigantesque rouleau de papier attrape-mouches où viennent s’agglutiner (pour l’instant) toutes les mouches qui ont changé d’âne, et Dieu sait qu’ils et elles sont nombreux en ce moment… Le Gorafi titrait ironiquement (pléonasme) que « Emmanuel Macron promettait solennellement de dévoiler son programme une fois élu »: quelle lucidité, quelle clairvoyance. Ce mec n’a rien à dire, rien à promettre, rien à tenir, si ce n’est les inepties lénifiantes que lui soufflent ses amis hyper anti-système genre Minc, Drahi, Pigasse, Bébéar, Niel, etc… Comment ne pas s’interroger sur un nom qui réunit autour de lui Kouchner et… Geneviève de Fontenay? Comment ne pas douter d’un mec qui encense Uber et ses avancées sociales sans évoquer le pendant noir de l’uberisation forcée de l’économie? Comment évoquer la loyauté et la droiture d’un mec fait par Hollande et qui le trahit manifestement (alors même que Hollande continue de le soutenir en sous-main, cherchez l’erreur…)? Macron, c’est la marque de l’équipementier sportif de l’AS Monaco (comme par hasard…:)), point barre…

Bon ben ça y est, j’ai trouvé. Ne reste que… Fillon. Ah mon François… Eh ben non je ne voterai pas pour toi. Pas à cause de Péné (ni son double…), pas à cause de tout ça… Déjà en novembre je savais que je ne voterais pas pour toi…: le catholicisme, la réaction, l’austérité, etc…, non vraiment pas. Après je t’avoue que ces derniers jours n’ont pas vraiment ébranlé ma non-conviction, c’est clair, mais honnêtement, c’est comme faire corriger l’orthographe d’un Bescherelle par Bernard Pivot, c’est du temps perdu pour rien. Et, il est vrai, les appels au soutien émanant de Frigide Barjot ou Ludovine de la Rochère ne sont pour moi que comme une 32ème couche de peinture sur un bout de bois. C’est bon, on a compris,, te casse pas… Ta conf de presse hier a sonné la fin de la récré, resserré les rangs derrière toi (mdr) et t’a donné l’occasion de clouer au pilori les journalistes (comme c’est facile en ce moment). Tu as rassuré ceux qui voulaient l’être, à savoir…tes partisans. Est-ce que cela suffira pour faire de toi le prochain Président? Perso j’en doute, mais rendez-vous au tas de sable le 7 mai.

Ah ou mais donc, au final: tu votes quoi Bertrand le 7 mai? Rien? Ah non sûrement pas. Blanc? Mais ça ne sert à rien. Oui c’est vrai, pour l’instant. Mais c’est une autre histoire, et je me ferai fort de voter quoiqu’il arrive, histoire de ne pas donner de grain à moudre aux contempteurs et cyniques de tous poils. Et c’est justement parce que j’aime la politique et y crois encore que je voterai blanc.